
La
glace
La glace
est l'état solide de l'eau quand la température est égale
ou inférieure à 0°C.
La glace sans impuretés
est transparente et incolore. Elle cristallise dans un système
hexagonal, comme le montrent les cristaux de neige en forme d'étoiles
à six branches. La densité de la glace est de 0.92, de
sorte qu'elle flotte sur l'eau liquide. Mais cette densité s'abaisse
quand la glace contient des bulles d'air. Contrairement aux autres solides,
la glace augmente de volume en se solidifiant, ce qui a d'importantes
conséquences sur la fragmentation des roches fissurées.
La glace
existe sous plusieurs formes dans la nature :
La
neige
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Lorsque l'air
est à une température voisine ou inférieure
à 0°C, la vapeur d'eau qu'il contient se condense sous
forme de cristaux agglomérés en flocons de neige.
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Le
verglas
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Lorsque l'eau
atmosphérique est en état de surfusion, elle se
congèle au contact des corps solides froids, qu'elle recouvre
d'une mince couche de verglas.
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Le
givre
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Le givre
provient de la congélation des gouttelettes d'un brouillard
froid sur les végétaux et les aspérités
du sol.
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La
grêle
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La grêle
se forme de même dans l'atmosphère par congélation
brusque de gouttes en surfusion, ou autour de petits
flocons de neige ou de grains de poussière.
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Au sol,
l'eau libre se congèle différemment selon qu'elle est
douce ou salée.
La densité
de l'eau douce est maximale à la température
de 4°C. Lorsque les molécules d'eau proches de la surface
atteignent 4°C, elles s'enfoncent, créant ainsi un courant
de convection jusqu'à ce que toute la masse d'eau soit à
4°C. A ce moment, si la température s'abaisse encore, apparaissent
des cristaux de glace en suspension, puis des glaçons isolés
qui se soudent en une masse unique. Selon son épaisseur, la glace
peut supporter de lourdes charges :
-
- 5 cm :
un homme adulte,
-
- 15 cm :
une voiture,
-
- 30 cm :
un camion.
Si, comme c'est
le cas en Sibérie et dans le Canada du Nord, la fonte de la glace
(débâcle) se produit sur les fleuves plus tôt en
amont qu'en aval, la glace d'aval faisant barrage aux eaux d'amont peut
provoquer d'immenses inondations.
L'eau de
mer, salée, gèle à une température
inférieure à celle du gel de l'eau douce : -2°C pour
une salinité de 35 pour mille. Formée d'eau salée,
la banquise est la mer prise par la glace sur
une grande étendue, plus ou moins disloquée et fragmentée
(pack) en raison des courants et des marées. Formés d'eau
douce, les icebergs sont d'énormes blocs de glace détachés
des glaciers terrestres qui bordent les mers polaires. Un neuvième
environ de leur masse totale est émergée. Ils fondent
très lentement. Entraînés par les courants, ils
peuvent atteindre des latitudes relativement basses. (voir
mer polaire)
Les glaciers:
Si la température reste
inférieure à 0°C, la neige
tombant sur le sol peut s'accumuler suivant la configuration du terrain,
notamment là où elle reste à l'abri du vent. La
neige fraîche contient beaucoup d'air et sa densité est
très faible. Mais, sous la pression de sa propre masse, elle
se tasse et se transforme en neige dure et granuleuse (névé),
puis en glace d'abord bulleuse (bulles d'air), d'un blanc opaque, puis
compact et d'une transparence bleutée. Ainsi se forme un glacier.
Entre la paroi rocheuse et le
névé s'ouvre en général une profonde crevasse,
la rimaye. C'est que la masse du glacier est animée d'un lent
mouvement vers l'aval, dû à la pesanteur. Insensible à
l'oeil nu, la vitesse varie selon la pente, la saison et les différents
points du glacier. Elle peut atteindre de 50 à 800 m par an pour
les glaciers des Alpes, jusqu'à 20 km pour l'Alaska.
En raison de l'incompressibilité
de la glace, des crevasses s'ouvrent sur le glacier dès que la
vitesse s'accélère, dans une étroiture ou sur une
rupture de pente. Ces crevasses délimitent d'énormes blocs
de glace, les séracs, dont le déséquilibre provoque
parfois d'impressionnantes avalanches. La partie médiane et superficielle
de la langue glaciaire avance plus vite que ses bords et sa base, ralentis
par les frottements sur les parois du lit glaciaire. Cette différence
de vitesse explique la forme convexe de la langue et du front qui termine
le glacier en aval. Si l'alimentation en neige
est insuffisante, le glacier peut fondre en épaisseur, diminuer
de longueur, s'ensevelir sous les débris qu'il entraîne
(glaciers "noirs", glaciers rocheux) ou même revenir
à l'état de névé, puis disparaître.
C'est ce que l'on observe aujourd'hui dans les Alpes, où le chalet
du Montenvers, qui était lors de sa construction à peu
près au niveau de la mer de Glace, est aujourd'hui à 300
m au-dessus ! Ces reculs d'érosion, permettent d'étudier
la genèse du relief glaciaire qui affecte de nombreuses régions
jadis occupées par les glaces.
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Les différents glaciers
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Dans les régions
polaires, et notamment en Antarctique et au Groenland,
les glaciers couvrent d'immenses territoires sous la forme
de calottes glaciaires (inlandsis), épaisses de 2000
à 4000m, qui descendent jusqu'au niveau de la mer.
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Dans les montagnes
des climats tempérés, les névés
ne se trouvent qu'entre 2700 et 3000m.
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Les glaciers de montagne
ne couvrent que 3% de la surface totale occupée par les glaces.
Ils comprennent des glaciers de cirque, logés dans les creux
du relief, des glaciers de plateau et des glaciers de vallée.
Dans les montagnes bien
alimentées en neige, les langues glaciaires s'avancent dans
les vallées et reçoivent, le cas échéant,
des glaciers affluents. Suivant leur alimentation, les glaciers
sont plus ou moins longs. Ceux de l'Himalaya peuvent atteindre une
centaine de kilomètres, ceux des Alpes, moins de 20. Ils
se terminent au-dessous de la limite des neiges permanentes, où
la fusion et l'évaporation l'emportent sur l'alimentation.
En Alaska, ils débordent même la montagne et se rejoignent
pour former des glaciers de piémont.
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Les mouvements de la glace,
combinés avec la pression exercée sur le fond, l'entraînement
des débris et le travail des cours d'eau sous-glaciaires sont
à l'origine d'une famille de formes et de formations particulières,
qui constituent le modelé glaciaire.
L'eau infiltrée dans
les fissures des roches, en gelant, les fait éclater (gélifraction)
et prépare ainsi les matériaux qui seront emportés
par le glacier. L'action de l'érosion glaciaire est inégale
le long du lit, plus faible dans les zones de séracs que sous
les biefs plus massifs. Ainsi se forme un chapelet d'ombilics
surcreusés, séparés par des seuils, ou verrous.
Transversalement, le lit du
glacier tend à prendre un profil en U. Si le glacier emplit toute
la vallée, celle-ci se transforme en vallée en auge. Si
le remplissage n'est que partiel, les versants en V de la vallée
préglaciaire se raccordent à l'auge par des épaulements,
et les vallées affluentes restent suspendues au-dessus de la
vallée principale.
Agent d'érosion, le glacier
est aussi un agent de transport des matériaux qu'il a arrachés
ou reçus en cours de route. L'accumulation des matériaux
forme les moraines. On distingue plusieurs type de moraines :
- - les moraines latérales
: sur les flancs du glacier ;
- - les moraines médianes
: formées au confluent de deux glaciers par la jonction de
deux moraines latérales ;
- - les moraines de
fond : composées des débris entraînés
par la glace et par les torrents sous-glaciaires ;
- - les moraines frontales
: en arc de cercle (vallums), accumulées à l'extrémité
inférieure du glacier.
En aval du vallum, les torrents
proglaciaires édifient, avec les matériaux des moraines,
des cônes ou des glacis fluvioglaciaires.
Après le retrait des
glaciers, les vallées présentent une succession de lacs
(lac du Bourget, lac d'Annecy) ou de plaines de comblement (Grésivaudan)
correspondant aux ombilics, et de gorges étroites creusées
par les torrents sous et postglaciaires à travers les verrous.
Les fjords sont d'anciennes
vallées glaciaires envahies par la mer. sous les champs de glace
(icefields), les effets de l'érosion sont en général
plus restreints : ils se bornent à un relief moutonné,
aux roches polies ou striées, formé de collines arrondies
et de cuvettes remplies par les eaux de fonte (lacs de Scandinavie et
du Canada).
En amont des moraines frontales,
il subsiste un paysage chaotique formé de lacs de surcreusement
ou de barrage (lac Léman, les grands lacs américains),
de lacs résiduels (culots de glace morte), de blocs erratiques
et de collines allongées, érodées et polies (drumlins,
abondants en Finlande), ou formées d'alluvions fluviatiles sous-glaciaires
(oesar, dont le singulier est os).
La glaciation est une période
marquée par un large développement des glaciers, qui couvrent
alors d'immenses régions. On en connaît plusieurs dans
l'histoire de la Terre : au précambrien, au paléozoïque,
à la fin du tertiaire et au quartenaire. Celles du quarternaire
(Günz, Mindel, Riss, Würm, dans les Alpes) ont laissé
de nombreuses formes de relief et de vastes moraines encore visibles
dans le paysage.
Les glaciations sont séparées
les unes des autres par des périodes de réchauffement,
dites interglaciaires. Chaque glaciation commence par une phase d'expansion,
suivie d'un maximum, puis d'un retrait. Ce retrait comporte en général
des temps d'arrêt qui définissent des stades. Lors de leur
plus grande extension, les glaciers ont recouvert une grande partie
de l'Europe (jusqu'à Londres et, pour les Alpes, jusqu'à
Lyon), de l'Amérique du Nord, de l'Asie septentrionale et de
l'extrémité australe de l'Amérique du Sud, soit
environ 55 millions de km2, contre quelque 15 millions aujourd'hui !
Sur les côtes, les périodes
glaciaires sont marquées par des régressions marines,
et les périodes interglaciaires, par des transgressions.
Sur la Terre, chaque nouvelle
glaciation tend à effacer les traces de la précédente
; aussi les formes héritées des glaciations disparues
datent-elles le plus souvent de la dernière glaciation (dite
Würm dans les Alpes, Weichsel en Europe du Nord, Wisconsin en Amérique).
L'époque actuelle, postérieure
à la dernière glaciation, est dite postglaciaire, ou holocène.
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