Les mers polaires et leurs rivages
(Voir aussi les glaciers)
Le milieu marin est, lui
aussi largement influencé par les facteurs zonaux et en particulier ici,
par la présence de glace.
1 -Les glaces de mer.
Les mers polaires se caractérisent par leur basse température tant en surface (-1,5°C) qu'en profondeur (-0,8°C). De plus les variations thermiques saisonnières sont très faibles, contrairement aux latitudes moyennes: en été l'eau est fortement refroidie en surface par la fusion des glaces dérivantes, banquises et icebergs. De part et d'autre de la dorsale de Lomonossov qui partage en deux l'Océan Arctique, les conditions sont sensiblement différentes, les eaux les plus froides se situant, en profondeur au large du Spitzberg.
La mer peut être
partiellement ou totalement prise par les glaces.
On distingue:
La plate-forme glaciaire ou shelf: partie du glacier continental flottant sur la mer. Épais, de topographie régulière, il s'amincit progressivement vers le large par fusion de la base au contact de l'eau de mer. Il se termine par une "barrière" falaise verticale de glace, haute de 50 à 100 m qui ne représente toutefois que le 1/ 10e de l'épaisseur du glacier (ex: Barrière de Ross). Sa dislocation donne naissance aux icebergs dérivants.
Le shelf et la barrière.
La mer à glaces
dérivantes. Parcourue régulièrement par les icebergs,
elle présente une spécificité à la fois hydrologique
(température, salinité) et climatique (brouillards). La plus
connue est le courant du labrador
.La banquise. Ce terme est réservé à la glace issue du
gel de l'eau de mer. (à -1,8°C pour une salinité de 35 %o).
La banquise peut être saisonnière ou permanente. Elle dérive
en général au gré des courants. Le domaine de banquise
le plus étendu est le Pack Arctique qui recouvre le centre de l'Océan
Arctique et s'étend en hiver jusqu'au large de la côte nord de
l'Islande.
Le pack arctique
2 -L'embâcle ou gel de la mer.
Le gel de la mer suppose un froid rigoureux et persistant En effet, la densité de l'eau de mer étant croissante avec l'abaissement de température, les phénomènes de convection se poursuivent jusqu'à la température de congélation, contrairement à l'eau douce (densité maximale à 4°C).
L'ensemble de la tranche d'eau doit donc être refroidi, ce qui est long. Le gel prend en priorité là où l'épaisseur est la plus faible, près des rivages, dans les fonds de baie et là où l'agitation est réduite.
Trois phases:
Formation du fraisil
(= sludge): des cristaux de glace se forment dans l'eau. Ils modifient la
couleur (réfraction de la lumière sur les faces des cristaux,
donnant une teinte jaunâtre) et la viscosité de la mer (plus
d'écume et consistance de l'huile).
Formation de crêpes de glace (=pancake ice): des croûtes de glace
se forment en surface, flottant et se choquant d'où leur forme circulaire.
Leur nom vient du bourrelet qui s'accroît sur leur périphérie
et qui est dû à la congélation des embruns lors des chocs.
Cimentation des crêpes en une banquise flottante continue (pack= glace
dérivante).
3 -La dynamique et l'évolution de la banquise au cours de l'hiver.
La banquise permanente ne persiste qu'au large. Près des côtes, celle-ci fond toujours en été. On distingue donc:
Sur le rivage, la banquette
côtière ou pied de glace (=ice foot): soudée au littoral,
elle résulte de la congélation des embruns et caparaçonne
le rivage. Elle peut supporter des congères et se trouve souvent enfouie
partiellement sous les débris tombés de la falaise (eaux de
ruissellement, gélivation de la falaise, etc...) sa fonte est en général
très tardive.
La banquise côtière (=fast ice) banquise annuelle, lisse mince,
(1 m), rarement plus. Elle est séparée de la banquette par la
"rivière", seule zone d'eau libre en permanence où
viennent respirer les phoques. Son niveau est variable et suit le rythme des
marées.
La banquise permanente ou Pack, dérivant au rythme de 1 à 2
km/j, survit plusieurs années. Elle se morcelle en chaos de hummocks,
blocs basculés par les tempêtes qui s'échouent sur le
fond et bloquent la progression du pack en direction de la côte. En
été il fond en surface mais se reconstitue partiellement par
la base.
Du rivage à la banquise
Le pack arctique est permanent mais d'extension variable. En été, il se limite au centre du bassin Arctique. En hiver, il s'étend aux côtes nord Canadiennes, du Groenland, du nord de l'Islande et du bassin à l'Est de la Nouvelle-Zemble. Il se morcelle parfois sous l'action des tempêtes.
Il s'étend en général
par congélation de l'eau de mer au large de l'extrême NE sibérien,
alors qu'il fond dans les parages du Spitzberg sous l'action des eaux douces
de l'Atlantique Nord. Il est donc en équilibre dynamique, la glace se
renouvelant sans cesse (5/ 6 ans en moyenne).
La banquise côtière disparaît non seulement en été, mais aussi parfois au sein de l'hiver. Elle peut être morcelée par les tempêtes, ou elle coule lors des chutes de neige qui alourdissent le radeau de glace. Elle se reconstitue alors en une quinzaine de jours. Il y a donc même au sein de l'hiver des périodes d'eau libre.
4 -Les littoraux.
Les littoraux sont à la fois modelés par l'action marine et par l'action périglaciaire d'autant plus efficace, que l'atmosphère est humide. L'héritage glaciaire est souvent important.
Il se manifeste:
par la topographie des
plaines littorales, héritées de l'érosion glaciaires,
avec des nombreuses cuvettes de surcreusement, des modelés en dos de
baleine, des champs de drumlins de moraines ou des formes fluvio-glaciaires;
par l'importance des apports alluviaux sableux des fleuves émissaires
des glaciers en été, avec une forte turbidité, alimentant
en matériel les dérives littorales;
par le phénomène de relèvement isostatique du continent
quasi général, au moins dans les secteurs autrefois englacés
de l'Arctique, à des vitesses considérables pouvant atteindre
2 mètres par siècle voire plus (ex: Spitzberg oriental selon
M.F.André), qui conditionne la dynamique littorale.
A ces caractères, s'ajoutent l'action des glaces flottantes ou glacielle: des radeaux de glaces labourent l'estran lors de la débâcle, phénomène particulièrement étudié sur le Saint Laurent; l'action des phénomènes d'icing (prise de l'estran par la glace issue de la congélation des sources, des embruns etc...,) des buttes glacigènes (pingos ou palses); l'action des congères et de de la gélifraction sur les falaises voire des avalanches dans l'estuaire du Saint Laurent, où l'enneigement est important.
L'ensemble conduit
à une dynamique extrêmement active et une évolution rapide
des côtes.
Les principaux types sont:
les skjargaard ou jardins
d'écueils, rivages bas parsemés d'une multitudes d'écueils
dus à l'émersion de buttes d'origine glaciaire;
les côtes basses en voie de régularisation rapide à proximité
des fleuves émissaires des glaciers, avec tombolos, flèches,
plages;
les estuaires et côtes à falaises en voie de recul rapide.