La Terre

1. Données générales

La Terre, planète du système solaire

Un des principaux résultats de la « révolution copernicienne » fut la conception du système solaire, codifiée par Kepler selon des lois toujours en vigueur ; en conséquence, les planètes se trouvaient distinguées des étoiles, la Terre n'étant que l'une d'entre elles.

Parmi les neuf planètes principales - auxquelles s'ajoute l'essaim des astéroïdes -, la Terre est une des quatre planètes telluriques, solides, de composition (roches silicatées et fer) et de densité moyenne voisines (entre 3,9 pour Mars et 6,1 pour Mercure), la densité moyenne de notre planète étant de 5,52.

Diamètre : 12 756km
Distance au Soleil : de 152 000 000 à 147 000 000 km la terre vue depuis l'espace
Masse : 5,9742x10exp24 kg.
Période rotationnelle : 23h56
Excentricité : 0,017
Période de rotation sidérale : 365,2 jours.
Température moyenne de surface : +15,85°C.
Température maximum de surface : +58°C. (vallée de la mort USA)
Température minimum de surface : -87,8°C (Antartique)
Point le plus élevé de la surface : Monts Everest 8850 m.
Plus Grande formation : Océan pacifique 166 883 600 km2
Composants atmosphériques : Azote à 76,08%; Oxygène 21%

Caractéristiques orbitales

La Terre décrit autour du Soleil, dans un plan dit de l'écliptique, une orbite elliptique dont le Soleil occupe un des foyers. Sa distance au Soleil varie ainsi entre 147.103.311 kilomètres, en janvier (périhélie), et 152.105.142 kilomètres, en juillet (aphélie) ; sa vitesse orbitale s'échelonne entre 28,084 et 31,028 kilomètres par seconde.

La Terre tourne sur elle-même en 23 heures 56 minutes et 4 secondes, selon un axe incliné de 23° 27H sur le plan de l'écliptique, ce qui conduit à une variation considérable de l'ensoleillement en un endroit donné, définissant les saisons. 23° 27H nord et sud marquent la latitude des tropiques du Cancer, au nord, et du Capricorne, au sud, où le Soleil arrive à la verticale, à midi, aux solstices de juin (Cancer) et de décembre (Capricorne), le Soleil passant deux fois par an à la verticale de tout lieu situé entre les tropiques. Les cercles polaires, par 66° 33H, marquent en complément les limites de la nuit polaire au moment du solstice de l'hémisphère opposé. Le Soleil passe et repasse au zénith de l'équateur lors des équinoxes de septembre et de mars.

Entre deux solstices - ou entre deux équinoxes - consécutifs, on définit une année tropique de 365 jours 5 heures et 48 minutes, exacte mesure de la succession des saisons. Or l'axe de rotation de la Terre n'est pas fixe et décrit en 25.800 ans un cône de demi-angle au sommet égal à 23° 27H, autour d'un axe perpendiculaire au plan de l'écliptique, ce qui provoque le phénomène de précession des équinoxes, en conséquence duquel l'année sidérale dépasse de 20 minutes environ l'année tropique ; celle-ci est donc en avance d'autant.

La rotation de la Terre est affectée d'autres irrégularités, de moindre grandeur : mouvements de nutation de l'axe des pôles, oscillation angulaire de 9,21J selon une période de 18,6 ans ; mouvement erratique de l'axe des pôles, qui décrit une spirale irrégulière à l'intérieur d'un cercle d'une vingtaine de mètres de diamètre ; freinage progressif de la rotation dû aux marées terrestres - le jour aurait diminué de 2 heures environ en 350 millions d'années, la rotation se faisant en 12 heures lors de la formation de la Terre, il y a 4,5 milliards d'années (en conséquence, la Lune s'éloigne de la Terre de 3,7 cm par an) ; variation saisonnière annuelle de l'ordre de la milliseconde, liée aux irrégularités météorologiques entre l'hémisphère Nord, où se concentrent les continents, et l'hémisphère Sud, où ils sont moins importants, etc.

Si les plus marquées de ces irrégularités sont connues depuis longtemps, comme la précession des équinoxes, que les Anciens calculaient sans en connaître la cause, ou le freinage des marées, dont Darwin avait le premier pressenti l'origine, les précisions les plus fines n'ont été acquises qu'à la fin du XXe siècle, grâce à la géodésie spatiale : télémétrie laser sur des satellites artificiels ; interférométrie à longue base (V.L.B.I. : Very-Long Baseline Interferometry) à partir du signal émis par une source très lointaine dans l'Univers (en pratique, des quasars) ; technique Doppler-Fizeau des systèmes G.P.S. (Global Positioning System) et D.O.R.I.S. (Détermination d'orbite et radiopositionnement intégré par satellite).

2. Constitution interne de la Terre

Avant d'être conçue comme globe terrestre, la Terre n'avait pas posé de question de structure ; sauf que les volcans avaient suggéré l'existence d'un feu profond, qui deviendra « feu central » quand la forme du globe sera connue. Les Grecs en feront le séjour d'Héphaïstos, qui deviendra Vulcain pour les Romains.

Peu de progrès seront accomplis par rapport à cette image avant que ne se développent les méthodes géophysiques, au XXe siècle pour l'essentiel.

Structure du globe terrestre

La densité des roches superficielles, égale à 2,7, très différente de celle de la Terre dans son ensemble, égale à 5,52, a conduit à conjecturer une composition variant avec la profondeur. En combinant la nature surtout granitique des roches de surface, celle, surtout basaltique, des roches issues des magmas rejetés par les volcans et la composition en fer-nickel de la majorité des météorites, on en vint à l'hypothèse d'une composition en trois enveloppes emboîtées : le sial - de silice et aluminium - pour la surface, le sima - de silice et magnésium -, au-dessous, jusqu'au nife - de nickel et fer -, au centre de la Terre, en un arrangement qui rende compte de la densité globale de la planète. Au début du XXe siècle, Alfred Wegener usera de cette conception avant qu'elle n'évolue vers celle de croûte-manteau-noyau.

La sismologie allait donner une mesure de ces trois enveloppes : la discontinuité de Mohorovicic , ou moho, vers 30 kilomètres de profondeur en moyenne, marquée par la réflexion et la réfraction des rais sismiques, constitue la frontière entre la croûte et le manteau ; la discontinuité de Gutenberg , vers 2.900 kilomètres de profondeur, est la limite entre le manteau et le noyau. Toutes deux portent le nom de leur découvreur (le Croate Andrija Mohorovicic et l'Allemand Beno Gutenberg), depuis 1909 pour la première, 1921 pour la seconde. Ultérieurement, la croûte fut divisée en une croûte supérieure et en une croûte inférieure, séparées par une discontinuité de Conrad, souvent discutée, tandis qu'une graine était individualisée au centre du noyau, au-delà de 5.000 kilomètres de profondeur.

La croûte fit l'objet de précisions essentielles. D'une part, la croûte océanique est différente de la croûte continentale, comme le montra Gutenberg en 1921 ; la première est « basaltique », la seconde « granitique », du moins en moyenne. D'autre part, la croûte continentale s'épaissit sous les chaînes de montagnes en une racine qui peut atteindre 70 kilomètres d'épaisseur sous la cordillère des Andes du Pérou et de Bolivie.

Une étude plus fine des vitesses de transmission des ondes sismiques dans les parties superficielles - menée dans l'archipel des Tonga, dans le sud-ouest du Pacifique, par Jack Oliver et Bryan L. Isacks en 1967 - allait permettre de séparer les milieux solides des milieux visqueux, les premiers conduisant les ondes sismiques plus rapidement que les seconds. Ainsi furent distinguées la lithosphère, solide, comprenant, sur 100 kilomètres d'épaisseur moyenne, la croûte et le manteau supérieur, et l'asthénosphère, visqueuse, correspondant au reste du manteau. Ces distinctions, qui englobent celles de croûte et de manteau, mais avec des limites différentes, constituent les fondements de la tectonique des plaques.

Puis l'application des méthodes de sismique-réflexion à écoute longue, adaptées de la sismique pétrolière, apporta des précisions sur la structure de la croûte. On citera le programme américain Cocorp (Consortium for Continental Refraction Profiling), qui eut de nombreux équivalents, dont le programme français É.C.O.R.S (Étude des continents et des océans par réflexion sismique).

Enfin, les progrès accomplis dans l'étude de la propagation des ondes sismiques ont permis de distinguer dans le manteau des zones chaudes, à vitesse lente, et des zones froides, à vitesse plus rapide. Cette tomographie du manteau, en trois dimensions, a ainsi authentifié la conception des courants de convection, ascendants au niveau des rides (médio)-océaniques, où remonte le matériel chaud du manteau inférieur, descendants à la périphérie des océans, où s'enfonce la lithosphère froide. Tandis que des points chauds (hot spots ), dispersés à la base du manteau, déterminent des ascendances permanentes qui sont à l'origine d'un volcanisme continu.

Mouvements dans le globe terrestre

Si les connaissances sur la forme et la structure du globe terrestre sont dues, pour l'essentiel, à la gravimétrie et à la sismologie, le magnétisme est à l'origine de la découverte et de la mesure des mouvements dans le globe.

Le champ magnétique terrestre correspond à un dipôle magnétique dont l'orientation ne coïncide pas avec l'axe de rotation de la Terre : le pôle Nord magnétique est situé dans l'archipel arctique canadien, à 1.900 kilomètres environ du pôle Nord géographique, tandis que le pôle Sud magnétique se trouve dans l'océan Antarctique, au large de la terre Adélie, à 2.600 kilomètres environ du pôle Sud géographique. Ainsi, l'axe des pôles magnétiques ne passe pas par le centre de la Terre ; d'ailleurs, sa position change constamment, de telle sorte que les pôles magnétiques se déplacent de 10 kilomètres par an environ.

L'influence du champ magnétique terrestre, dont l'origine réside probablement, du fait de la rotation de la Terre, dans un effet dynamo à l'intérieur du noyau, fluide dans sa partie externe, est limitée à la magnétosphère terrestre par l'effet du vent solaire, lui-même magnétique : son front en direction du Soleil se situe à 10 rayons terrestres mais la magnétosphère s'allonge très loin dans la direction opposée.

L'observation des variations séculaires du champ magnétique terrestre a permis de définir une convection dans le noyau, avec un panache descendant à l'aplomb du sud de l'Inde, et un panache ascendant à l'aplomb de l'ouest du Pérou.

Les données du champ magnétique terrestre fossile ont permis de déterminer les mouvements de la lithosphère superficielle. Ces données sont de deux ordres : d'une part, en se refroidissant, les laves volcaniques fixent le champ magnétique de l'époque par un effet de magnétisme thermorémanent ; d'autre part, à une époque donnée, les particules magnétiques se sédimentent en fonction du champ.

Le paléomagnétisme a démontré la dérive des continents, argumentée au début du XXe siècle par Wegener : à un moment donné de l'histoire géologique, les pôles requis par les roches des divers continents, différents des pôles actuels, sont aussi différents entre eux, preuve de ce que les continents se sont déplacés les uns par rapport aux autres. Les anomalies magnétiques océaniques, parallèles aux rifts (médio)-océaniques, ont permis de calculer le taux de création de la croûte océanique, en admettant qu'elles « fossilisent » les inversions de polarité du champ magnétique terrestre, dont le calendrier a été établi par ailleurs ; ainsi a été démontrée et calculée l'expansion océanique.

Combinées entre elles et aux résultats de la sismologie, les données du paléomagnétisme ont fondé la tectonique des plaques, selon laquelle l'expansion océanique, ou accrétion, est compensée par la subduction, génératrice d'arcs insulaires et de cordillères ou annonciatrice de collisions continentales d'où naissent les chaînes alpino-himalayiennes de type téthysien.

Après que quelques mesures lasers au sol eurent commencé de confirmer ces mouvements, ce sont les données acquises grâce à des satellites qui ont permis d'en donner une mesure systématique en temps réel : par interférométrie spatiale à partir du sol sur des sources lointaines (V.L.B.I.) ou grâce aux satellites de positionnement, dont la précision est devenue centimétrique (G.P.S., D.O.R.I.S.). Les résultats de cette géodynamique mesurée ont confirmé ceux de la géodynamique moyennée sur plusieurs millions d'années : expansion océanique et dérive des continents se mesurent en centimètres par an, aujourd'hui comme hier.

Cette actualisation de la géodynamique a ouvert une ère nouvelle dans l'étude des mouvements et des déformations de l'écorce terrestre ; elle constitue enfin une voie féconde pour la prévision des risques naturels d'origine interne, séismes et éruptions volcaniques.


Le calendrier de l'histoire de la Terre

Dans un Univers de 15 milliards d'années, l'âge de la Terre, comme celui de la Lune, estimé sur les échantillons du programme Apollo, est de l'ordre de 4,5 milliards d'années. Il s'agit d'ailleurs également de celui du Soleil et du système solaire.

Cet âge a été donné par des zircons, minéraux repris dans des roches plus récentes. Car les terrains les plus anciens qui affleurent, au Swaziland, et dans la région d'Amitsoq, au Groenland, n'ont que 3,8 milliards d'années.

Les divisions du temps - l'échelle stratigraphique - fondées sur la chronologie relative ont été conservées par commodité, au moins pour un temps, mais en étant affectées d'une durée absolue. C'est ainsi que les temps fossilifères (Phanérozoïque, du grec phaneros : apparent ; littéralement, phanérozoïque = vie apparente), marqués par l'explosion de la vie mais non pas par son apparition, beaucoup plus ancienne, débutent il y a 540 millions d'années. Les ères qui les divisent sont d'inégales durées : 300 millions d'années pour le Primaire, ou Paléozoïque (de -540 à -245 Ma), 180 millions d'années pour le Secondaire, ou Mésozoïque (de -245 à -65 Ma), 63 millions d'années pour le Tertiaire, ou Cénozoïque (de -65 à -2 Ma), 2 millions d'années environ pour le Quaternaire ; à supposer que cette « ère » ait une réelle identité, en dehors du fait que l'homme désire avoir une ère « à lui »..., encore que, d'après les données stratigraphiques récentes, il lui soit antérieur. On mesure ainsi ce que le calendrier stratigraphique a d'artificiel : commodité momentanée au milieu du XIXe siècle, son avenir est en question.

Presque 4 milliards d'années précèdent donc les temps fossilifères. Ce Précambrien (ou Antécambrien) recouvre l'essentiel de l'histoire de la Terre. On le divise en : Protérozoïque (littéralement, première vie, bien que la vie lui soit antérieure), de -2 500 à -540 millions d'années, dont on a de bonnes raisons de penser que l'histoire, divisée en différents épisodes, n'était pas très différente de celle des temps phanérozoïques qu'elle annonçait - les mécanismes de la tectonique des plaques, notamment, y étaient actifs - ; et en Archéen, de -4,5 à 2,5 milliards d'années, dont l'analyse, encore insuffisante, cache les premiers stades de l'histoire du globe terrestre, de plus en plus différente à mesure qu'on s'éloigne dans le temps.

L'astronomie et les géosciences, par des voies parallèles mais complémentaires, ont donné à la Terre le statut dans l'Univers qu'on lui connaît aujourd'hui, et dont on peut penser qu'il ne changera plus, sauf modifications radicales de notre conception et de nos connaissances de l'Univers lui-même.

Du même coup, le statut de l'homme en a été changé ; il n'est plus qu'un être vivant parmi d'autres, dernier venu sur une Terre vieille de plusieurs milliards d'années, planète parmi d'autres dans un Univers dont l'apparent infini dissimule les origines.

On comprend alors que bien des philosophies en aient conçu du dépit et que les controverses aient été rudes à chaque étape de ces illusions perdues.


Composition chimique de la Terre

Le deutérium, le lithium et le béryllium terrestres ont probablement été formés dans la Galaxie par action des rayons cosmiques galactiques sur le milieu interstellaire, dans la période précédant la formation du système solaire. De la même façon, les éléments radioactifs (par exemple, l'uranium ou le thorium) ont été produits par une ou plusieurs explosions de supernovae dans la Galaxie, avant la formation du Soleil. Un certain nombre d'anomalies d'abondance s'expliquent simplement par évaporation de composés volatils au cours de la formation des planétésimales. L'atmosphère terrestre primitive, créée en milieu réducteur, devait essentiellement consister en méthane, ammoniac et vapeur d'eau ; sa composition actuelle résulte, d'une part, de la dissociation de ces molécules par le rayonnement solaire, suivie de l'évaporation de l'hydrogène et des réactions subséquentes d'oxydation, d'autre part, de plusieurs milliards d'années de phénomènes biologiques (assimilation chlorophylienne) conduisant à la production d'oxygène ; certains éléments, l'hélium notamment, proviennent simplement du broyage par érosion des roches radioactives.

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